de cause(s) toujours a ferme ta gueule, il n’y a qu’un pass(e) !

Après en avoir délibéré respectivement au sein des trois structures
(Radio Dio, La Laverie, Avataria) organisatrices de l’événement
« Cause(s) toujours ! » prévu entre le 30 septembre et le 10 octobre 2021,
nous avons pris la décision unanime d’annuler celui-ci.
Il est pour nous humainement et déontologiquement impossible de tenir « Cause(s)
toujours ! » dans un contexte où l’on doit trier celles et ceux qui peuvent venir causer
ou simplement profiter d’un ou de plusieurs moments de rencontres, de partage et de
dépaysement. Nous ne jouerons jamais le rôle de policier.e.s ou d’agent.e.s de contrôle
d’un pouvoir en proie à la surveillance de nos vies.
Cet événement a déjà été reporté deux fois en raison du Covid et nous pensions pouvoir
mettre à mal l’adage qui dit « jamais deux sans trois » mais le passe sanitaire a eu raison
de notre opiniâtreté.
Le point de départ de tout ceci tournait autour de « Lorraine Coeur d’Acier, la radio
pirate fondée le 17 mars 1979 par la CGT dans la ville de Longwy, en Meurthe-et-Moselle,
pour lutter contre les fermetures d’usines (qui) reste l’un des événements les plus
considérables des luttes sociales du bassin, lors de la crise de la sidérurgie consécutive
au premier plan acier (Gouvernement Raymond Barre). Elle aura permis à beaucoup
de gens de prendre la parole et de dire leurs vies, de se rassembler aussi autour d’un
projet fédérateur et fraternel. » (De Colère rouge, Guy-Joseph Feller)
Nous voulions donc mettre en lumière ce moment de lutte qui présageait de la casse
sociale qui a touché aussi lourdement le bassin stéphanois et d’autres régions de France
et d’Europe. C’était une mise en abîme des luttes d’aujourd’hui qui ouvrait la discussion
sur la perte de visibilité des classes populaires, la montée des inégalités, les violences
sexistes, racistes et homophobes, la stigmatisation des minorités.
C’était aussi un hommage aux radios libres et l’occasion de fêter les 40 ans de celles-ci
et de Radio Dio.
Bref, un événement pour dire que nous ne sommes pas seul.e.s et qu’il est possible de
lutter contre l’obscurantisme, l’individualisme, de proposer des solutions pour changer
de paradigme et réfléchir ensemble à l’avenir de notre planète…
Nous ne pouvons donc pas nous résoudre à appliquer le passe sanitaire dans la rue
et les lieux publics qui nous importent comme les théâtres, les cinémas, les amicales,
les cafés, la cinémathèque… qui sont des lieux de rencontres et de convivialité sans
restriction et conditions d’admission… ceci étant totalement à l’opposé de ce pour quoi
nous cherchons à organiser ce « joyeux bordel en ville » dans la plus pure lignée des
saltimbanques, garant.e.s de la liberté et du besoin de jouer pour capter l’attention de
l’assistance et défier les dealers de culture.
Alors peut-être qu’un jour nous reviendrons, sans amertume et toujours avec la même
éthique et une détermination sans cesse renouvelée !
Merci à vous d’avoir le courage de vous opposer à la mise en marche d’une société de contrôle quand tout le monde (ou presque) rase les murs dans ce pays de poltrons.
Merci pour le soutien à la position, même si la tournure « pays de poltrons » est un brin binaire pour nous, peut-être, dans la mesure de l’inconfort forcé d’une partie des gens face aux multiples pressions individuelles et collectives sur cette histoire de passe…
Culture is not dead ! Ne lâchez rien !